Moins doué que son père, Otton II fera son possible pour maintenir « l’unité » de l’Empire, le protéger des rebelles et l’agrandir vers la Pologne, la Francie Occidentale et l’Italie du Sud.
Mais moins talentueux à la guerre qu’Otton Ier, il subira de nombreux revers.
I - Jeunesse et remouds germaniques
Otton II né à la fin 925 de l’union d’Otton Ier et d’Adélaïde de Bourgogne.
Il est élevé par Gerbert d’Aurillac, un philosophe et mathématicien, mais aussi par les archevêques de Mayence et de Cologne.
Il est élu Roi associé de Germanie avec son père le 26 mai 961 (à 6 ans), roi d’Italie à la fin 962 (à 8 ans) puis Empereur Associé du Saint Empire Romain Germanique (SERG) le 25 décembre 967 à 13 ans.
Puis, à la mort d’Otton le Grand, il est couronné unique Roi de Germanie le 26 mai 973 à Aix la Chapelle.
Mais étant inexpérimenté, il reste sous la tutelle de sa mère qui l’aide dans la gestion de l’Empire.
Très vite pourtant, il prête l’oreille à des calomnies qui courent sur Adélaïde de Bourgogne et qui la présentent comme souhaitant l’Empire pour elle seule. Celle-ci quitte donc, la mort dans l’âme, la cour pour aller chez le roi Conrad Ier de Bourgogne. Mais à peine est-elle arrivée qu’Otton se rend compte de son erreur et la rappelle à ses côtés.
Et si l’Empereur a effectivement des problèmes de famille, c’est plutôt du côté de son cousin, Henri II le Querelleur duc de Bavière, souhaitant agrandir son territoire pour dominer l’Allemagne du Sud. Allié à la Bohème, la Pologne et aux danois, il se rebelle contre Otton.
Il sera vaincu en 976.
Henri est emprisonné et exilé tandis que la Bavière est fragmentée pour ne plus représenter une menace. Pourtant, malgré la victoire, les expéditions contre la Pologne et la Bohème furent des échecs et de simples paix blanches sont signées avec ces territoires.
II - Remouds lotharingiens et francs
En 977, Lothaire, le roi de Francie Occidentale, exile son frère Charles qui arrive à la cour d’Otton II. Celui-ci lui promet alors de l’installer sur le trône de son frère une fois celui-ci écarté.
En attendant, il lui offre le duché de Basse-Lotharingie ce qui déplaît à Lothaire.
Il rentre alors en Lorraine, où il exige des seigneurs locaux qu’ils lui prêtent serment puis se dirige avec 20 000 hommes vers Aix la Chapelle, siège du pouvoir impérial et lieu de résidence d’Otton II qui échappe de peu à la capture.
En représailles, Otton envahit le nord de la Francie en 978 et assiège Paris. Mais la ville, défendue par le duc Hugues Capet, pousse l’empereur à la retraite vers la Germanie.
Retraite pendant laquelle son butin est perdu et son arrière garde massacrée près de Soissons. Il a tout de même eut le temps de piller les environs de Reims, de Laon et de Compiègne.
Suite à cette défaite, Lothaire et Hugues Capet se disputent et se rapprochent d’Otton II pour obtenir son soutien dans un conflit entre les deux qu’ils pressentent.
Mais l’esprit et les yeux de l’empereur ne sont plus à l’ouest.
Ils sont dorénavant tournés vers le Sud, l’Italie et le Pape.
III - Remouds italiens et décès d’Otton II
A l’époque, le Pape n’a pas un pouvoir aussi fort que celui qu’il aura au XIIe et au XIIIe siècle.
Il est le souverain des États Pontificaux mais il est autant choisit par les cardinaux que par l’Empereur Germanique ce qui causera de nombreux conflits (on en reparlera quand on parlera des prochains empereurs du SERG).
Ainsi, à la mort de mort de Jean XIII (le 6 septembre 972), c’est Benoît VI qui est élu avec l’approbation d’Otton.
Mais il est emprisonné et assassiné en juin 974 par les Creszenzi (une famille de Rome qui veut contrôler le souverain pontife) pour être remplacé par Boniface VII. Celui-ci est évincé par le représentant de l’empereur qui nomme le nouveau Pape : Benoît VII. Mais celui-ci est chassé par une révolte populaire en 980.
Otton descend alors en Italie en 980. Il célèbre Noël à Ravenne et entre à Rome à Pâques pour remettre sur le trône de Saint Pierre Benoît VII (oui, c’est le gros bazar).
A Rome, il réunit d’ailleurs un concile qui décide d’interdire aux métropolitains (les archevêques) de demander de l’argent à un religieux en échange d’un poste épiscopal.
Il souhaite aussi profiter de son séjour italien pour agrandir son empire vers le sud.
Poussé par le prince de Bénévent, il emmène son armée vers le sud de la botte et capture Naples, Salerne et Tarente avec l’aide des Lombards.
Mais le 13 juillet 982, son armée est vaincue par les troupes sarrasines de l’Émirat de Sicile et Otton II échappe à la capture en fuyant incognito.
Il cache son identité et ne parvient à revenir à Rome qu’en décembre.
Cette défaite ébranle fortement son prestige et son pouvoir. De nombreux peuples en profitent alors pour attaquer l’empire.
Les Obotrites, les Wendes, les Slaves et les Danes envahissent séparément l’empire affaibli et prennent quelques territoires malgré la résistance farouches des margraves locaux.
Ces invasions stoppent pour plusieurs siècles la germanisation des territoires à l’est de l’Elbe.
Voulant venger sa défaite, Otton II prépare en 983 une nouvelle expédition dans le sud de l’Italie. Mais, malade, il meurt dans la cité papale le 07 décembre 983.
Il n’a que 28 ans.
Son fils de 3 ans est alors élu roi de Germanie et reçoit la couronne royale le 25 décembre.
Un empire instable et un souverain très jeune, l’œuvre d’Otton Ier semble alors un danger.