Sous Louis XIV, les officiers de l’armée non issus de la noblesse se plaignaient de l’existence d’un plafond de verre bloquant leur ascension, l’avancement étant dû à l’origine sociale et non à la bravoure ou aux exploits martiaux.
Pour palier à cette injustice, il fut créé l’ordre de la croix de Saint Louis pour récompenser en honneur les officiers non noble. Mais cette intention louable fut vite monopolisée par la noblesse.
I - Histoire de la décoration
Avec l’arrivée de plus en plus importante de membres de la bourgeoisie dans le corps des officiers à la suite des réformes de l’armée de la moitié du XVIIe siècle, la question d’une récompense honorifique pour ces hommes se pose.
Il existait déjà plusieurs ordres de chevalerie ou décorations mais ceux-ci étaient également réservés à la noblesse.
C’est ainsi que l’Ordre royal et militaire de Saint Louis (ou Ordre de la croix de Saint Louis) est créé pour honorer et distinguer les officiers catholiques de l’armée française ayant servi depuis plus de 10 ans. Et cette distinction était décernable aussi bien aux officiers issus de la noblesse qu’aux roturiers.
Créé le 5 avril 1693, la première promotion est décorée par Louis XIV le 11 mai qui donne un coup d’épée sur chaque postulant à genoux.
Au cours du XVIIIe siècle, la noblesse prend de plus en plus de place dans les promotions de l’ordre avec l’éviction des roturiers du corps des officiers jusqu’à perdre sa fonction de récompense pour les officiers non nobles.
Fusionné en 1791 avec l’institution du mérite militaire (créé pour les officiers protestants en 1759), il est finalement supprimé le 15 octobre 1792.
Recréé en 1814 par Louis XVIII pour remplacer la Légion d’Honneur napoléonienne, il ne prend pas et l’ordre n'est plus décerné depuis 1830.
II - Organisation de l’ordre
Il existait trois classes au sein de l’ordre :
- Les chevaliers dont le nombre n’était pas limité
- Les commandeurs au nombre maximal de 24
- Les grand ’croix dont la limite était fixée à 8
Le roi de France était le Grand Maitre de l’Ordre.
Le dauphin (héritier du roi), le général des galères, l’amiral et les maréchaux de France étaient des membres automatiques de l’ordre. Pour les autres membres de la famille royale, ils n’étaient décorés qu’après avoir effectué une campagne militaire complète.
Pour les autres, ce devait être des officiers ayant au moins 10 (puis 20) ans de service et ayant accompli des exploits martiaux importants et ils devaient être de foi catholique.
D’ailleurs, lors de la cérémonie de nomination, les nouveaux chevaliers devaient prêter serment de fidélité au roi et à la religion catholique.
Même si la majorité des membres étaient nobles, de nombreux roturiers intégrèrent les rangs de l’ordre et celui-ci devint ainsi une charge anoblissante.
En effet, le fait d’avoir des chevalier de l’ordre de la croix de Saint Louis au sein d’une famille pendant trois générations successives permettait à cette famille d’obtenir un titre de noblesse héréditaire, créant ainsi une sorte de noblesse militaire.
Cette disposition n’offrit pourtant que peu de titre de noblesse mais elle fut ensuite conservée pour la Légion d’Honneur et est encore en vigueur aujourd’hui.
La dernière personne a avoir été décoré de l’Ordre de Saint Louis fut le général Joseph Marie Farinole en 1830. Il sera également, pendant un temps, le dernier membre encore en vie.
Joseph Marie Farinole est d’ailleurs le beau-frère de Vincent Benedetti, le diplomate à l’origine de la dépêche d’Ems qui servit de prétexte au déclenchement de la guerre franco-prussienne de 1870.