Pendant la Seconde Guerre Mondiale, de grandes puissances se sont affrontées : l’Allemagne, l’Italie, l’URSS, le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, les Etats-Unis et la France pour ne citer que les plus grands belligérants.
Mais d’autres pays de moindre taille ont été impliqués dans le conflit et leur histoire pendant la guerre est tout aussi intéressante.
Voyons ici le cas de la Bulgarie, seul pays de l’Axe à gagner du territoire à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale.
I - La Bulgarie d’avant-guerre
Pour comprendre l’adhérence de la Bulgarie à l’Axe, il faut revenir jusqu’au traité de San Stephano le 3 mars 1878.
Ce traité, entre l’Empire Russe et l’Empire Ottoman, voit la création et l’indépendance de la Bulgarie pour réunir tous les bulgares sous une même bannière nationale.
Ce traité n’est cependant pas du goût de la France et de l’Angleterre qui s’inquiètent d’une trop forte montée en puissance de la Russie et d’un effondrement ottoman.
Le congrès de Berlin en juillet 1878 divise ainsi le pays en deux. Une moitié est rendue aux ottomans pour faire partie intégrante de leur territoire comme avant et l’autre moitié est mis sous la suzeraineté ottomane, le gouvernement bulgare ayant alors des pouvoirs très limités et devant obéir aux ordres d’Istanbul.
Il faudra attendre 1908 pour que la Bulgarie soit réunie et devienne totalement indépendante.
Elle participe aux deux guerres balkaniques pour unir les bulgares mais, pendant la deuxième guerre, le pays perd des territoires dans ce qui est alors considéré comme une « catastrophe nationale ».
Ce traumatisme pousse la pays à entrer aux côtés de l’Allemagne dans la Première Guerre Mondiale, toujours avec l’objectif de rassembler les bulgares. Nouvelle défaite et deuxième catastrophe nationale pour le pays qui plonge alors dans la crise économique, sociale et politique.
Le 9 juin 1923, un coup d’état voit un parti fasciste arrivé au pouvoir.
Profitant de ce nouveau gouvernement, Boris III, sur le trône depuis 1918, commence à contourner les dispositions du traité de Neuilly (traité signé à la fin de la Première Guerre Mondiale et « punissant sévèrement » la Bulgarie pour son implication dans le conflit).
Il réarme son pays sur le modèle de l’Allemagne nazie et refonde en 1935 une armée de l’air.
Le pays se fournit alors massivement en matériel auprès de la France, de l’Italie mais surtout du IIIe Reich d’Adolf Hitler.
Ce dernier, soucieux de se trouver un allié dans les Balkans fournira à la Bulgarie à bas prix du matériel polonais et français une fois ces pays vaincus. L’Allemagne dépêchera également des conseillers militaires pour entraîner et améliorer l’armée bulgare.
Mais surtout, en faisant pression sur la Roumanie, Hitler permet à la Bulgarie de récupérer la Dobroudja du Sud le 7 septembre 1940.
Toutes ces aides et surtout la restitution de ce territoire pousse la Bulgarie à adhérer à l’Axe Rome-Berlin-Tokyo (ou Axe) en mars 1941.
II - La Bulgarie dans le camp de l’Axe
Si la Bulgarie intègre bien en mars 1941, le pays ne prendra pas part à tous les combats du IIIe Reich.
En effet, le pays ne possède en 1941 qu’une armée de 110 000 hommes (bien faible comparé aux 4.7 millions d’allemands et 3 millions d’italiens en 1939 ou aux 6 millions de russes en 1942).
L’armée bulgare participera aux côtés de l’Allemagne et de l’Italie à l’opération Marista visant à prendre la Grèce et la Yougoslavie mais ne prendra pas part à l’Opération Barbarossa qui envahira l’Union Soviétique.
Le 6 avril 1941, les forces allemandes pénètrent en Yougoslavie et en Grèce depuis la Bulgarie pour secourir l’Italie en mauvaise posture (qui avait attaqué depuis l’Albanie). Le 19 avril, c’est au tour des forces bulgares de participer à l’invasion.
Le 14 mai, vainqueurs, les bulgares annexent la Macédoine, une partie de la Serbie, la Thrace et gagnent un accès à la mer Egée.
Malgré une déclaration de guerre au Royaume-Uni et aux Etats-Unis le 13 décembre 1941, le pays ne participe plus aux combats de l’Axe.
Elle laissera bien le IIIe Reich utiliser son territoire comme base aérienne pendant l’Opération Barbarossa mais l’armée bulgare ne participera pas à l’opération et sera plutôt employé à la lutte contre les mouvements de résistance dans les territoires occupés de Macédoine et de Grèce.
Pendant ces années d’alliance à l’Allemagne, le gouvernement bulgare sera réticent à livrer les juifs vivant sur son territoire.
En revanche, il aidera à la déportation des juifs grecs et macédoniens (environ 19 000 personnes) habitant les territoires « libérés par l’armée bulgare ».
Tsar depuis 1918, Boris III meurt le 28 août 1943 et est remplacé par son fils de 6 ans Siméon II avec comme régent Kiril, le prince de Preslav et frère de Boris.
En 1942 puis 1943, le vent tourne pour l’Axe.
Après la défaite de Kursk le 23 août 1943, les armées de l’Axe ne font plus que reculer sur le front russe et, le 4 septembre 1944, l’armée rouge atteint la frontière bulgare.
Malgré l’attitude neutre du pays envers Staline pendant toute la guerre, ce dernier lui déclare la guerre le 5 septembre 1944.
L’attaque massive des russes, la non-résistance de l’armée et l’insurrection des résistants communistes bulgares pousse le gouvernement à l’exil et l’instauration d’un régime favorable à l’URSS dès le 6 septembre.
Un armistice est signé le 11 septembre 1944 et la Bulgarie intègre les Alliés le même jour.
Pendant cette période dans le camp de l’Axe, le pays n’a perdu que 8 000 soldats tués ou blessés en raison de sa faible implication dans le conflit ainsi que 1 828 civils tués et 2 370 blessés dans les bombardements russes.
III - La Bulgarie aux côtés de l’URSS
Une fois la capitulation signée le 11 septembre 1944, la Bulgarie s’engage pleinement aux côtés de l’URSS contre le IIIe Reich.
Le 12 septembre, c’est 270 000 hommes qui sont engagés pour s’occuper des troupes allemandes encore en Bulgarie et de celles présentes en Macédoine.
Tous les territoires occupés par les bulgares en 1941 sont d’ailleurs évacués par l’armée.
Le 19 septembre, c’est 450 000 hommes qui sont mobilisés et participent activement aux combats en Grèce, en Macédoine et en Bosnie.
Entre septembre et décembre 1944, les 124 avions de l’armée de l’air bulgare effectueront plus de 3 000 sorties et missions de chasse, bombardement et reconnaissance au-dessus du front.
Le 28 octobre, la Bulgarie signe l’armistice avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Début 1945, les troupes bulgares combattent en Hongrie puis dans le nord de la Croatie actuelle en mars.
Le 7 mai, elles font leur jonction avec les troupes britanniques à Volkermarkt, à la frontière actuelle entre l’Autriche, la Slovénie et l’Italie.
A la fin de la guerre, Siméon II est exilé (il reviendra en 1996 et sera élu Premier Ministre entre 2001 et 2005 devenant ainsi le seul monarque de l’histoire à avoir retrouvé démocratiquement au travers d’une élection démocratique un poste en politique) et le pays devient une « démocratie populaire » dans l’orbite de Moscou comme la majorité des pays d’Europe de l’Est (la répartition des sphères d'influence en Europe de l'Est étant defini par un papier griffoné sur le coin d'une table à Moscou en octobre 1944 et visible à droite).
Le pays perd tous les territoires occupés pendant la Seconde Guerre Mondiale à l’exception de la Dobroudja du Sud que le pays conserve à la suite des accords de Paris en 1947.
Cela fait de la Bulgarie le seul pays de l’Axe a avoir obtenu un gain territorial à la fin du conflit.