Le sac du Palatinat, origine de l'hostilité franco-allemande

Quand Turenne se retrouve à défendre l’Alsace en infériorité numérique face aux troupes du Saint Epire Romain Germanique, il prit une décision grave qui horrifia l’Europe et eut des conséquences sur les relations franco-allemandes jusqu’à la moitié du XXe siècle.
C’est le ravage du Palatinat en 1674

 

I - ContexteVicomte de turenne

Depuis 1672, la France de Louis XIV (alliée à l’Angleterre, Münster, Liège, la Bavière et la Suède) affronte la Quadruple-Alliance (Provinces-Unies, Saint Empire, Brandebourg et Espagne) pendant la guerre de Hollande.
Cette guerre fut déclarée par la France pour contrer la concurrence commerciale acharnée des Provinces-Unies.

Les combats se concentrent surtout dans les Pays-Bas espagnols et en Franche-Comté mais c’est le front alsacien, très secondaire dans ce conflit, qui nous intéresse ici.

En Alsace, le vicomte de Turenne (portrait à droite) dispose de peu de troupes pour empêcher une invasion du territoire français par cet endroit.
« Si le roi avait pris la plus grande place de Flandres, écrit Turenne, et que l’Empereur fût maitre de l’Alsace, je crois que les affaires du roi seraient dans le plus mauvais état du monde ».

Il décide alors de passer à l’offensive en traversant le Rhin (qui faisait office de frontière) le 14 juin 1674 puis gagne la bataille de Sinsheim deux jours plus tard pour ensuite revenir en France.

Lorsque le Brandebourg déclare la guerre à la France, il retraverse le Rhin et un constat le frappe alors :
avec ses 16 000 hommes, il ne pourra pas faire face aux 40 000 impériaux qui approchent.

Il décide alors de prendre les choses en main pour empêcher l’invasion de l’Alsace.

 

II - Le ravage du Palatinat

La logistique impériale de l’époque est très laborieuse et les armées du Saint Empire vivent souvent sur les pays traversés.

Il décide alors d’empêcher le passage sur le Palatinat en leur ôtant toute possibilité de nourriture et de ravitaillement.Sac du palatinat
Il couperait ainsi la route de l’Alsace, punirait l’électeur du Palatinat (qui avait rompu son alliance avec la France et pourrait effrayer les autres princes allemands en leur ôtant toutes velléités agressives.

De nombreuses exactions avaient déjà été commises par les soldats français, au point qu’ils soient considérés comme de vulgaires maraudeurs par la population locale. Mais cela n’était que des écarts locaux et punis par la hiérarchie.
 

Là, les exactions font être systématiques, encouragées et soutenues par la hiérarchie et le haut commandement.

Pendant la deuxième semaine de juillet 1674, l’armée française détruit et rase 32 villes et villages en massacrant toutes les habitants ainsi que l’ensemble des récoltes et du bétail.
Rien n’est épargné, pas même les églises catholiques ou les temples protestants.

Le Palatinat est ainsi transformé en désert.

 

III - ConséquencesSac du palatinat carte

Turenne parvient, par ces destructions, à protéger le territoire de l’Alsace des impériaux et il réussit à frapper violemment les esprits des princes allemands mais pas de la manière qu’il avait imaginé.

En effet, la nouvelle du sac provoque l’horreur et l’effroi dans les cours européennes devant cet épouvantable acte de barbarie.
Pendant les précédents conflits, des pillages avaient été commis mais il y avait de « justes » raisons derrière comme des différents religieux ou des problèmes de financement et de discipline.
Ici, la France n’a pas de soucis d’argent et ses troupes sont disciplinées.

Devant les larmes de la princesse Palatine (sœur de l’électeur du Palatinat et belle-sœur de Louis XIV), le roi de France ordonne à Turenne de retourner immédiatement en Alsace.

 

Si cet épisode est passé sous silence dans l’histoire de France pour ne pas entacher la réputation de Turenne, un maréchal glorieux et sans reproche, l’effroi est profond dans les états allemands et on considère que c’est à partir de là que débute l’animosité et l’hostilité franco-allemande.
Cet épisode sera régulièrement reprit dans la propagande prussienne en 1870 et celle nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale si bien que les habitants de cette région furent effrayés devant l’arrivée des troupes de Leclerc, craignant un retour du cauchemar de l’été 1674.

Ce choc n’est atténué outre-rhin que depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et le début de la construction européenne.

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