Victoire miraculeuse sur les prussiens, la bataille de Valmy est considérée comme un des affrontements les plus décisifs de l’histoire de France.
Cependant, quand on regarde le détail de cette journée du 20 septembre 1792, le déroulé de la bataille est très différent de ce que l’on pourrait attendre d’un affrontement si marquant de l’imaginaire français.
I - Contexte
À la suite de la tentative de fuite de Louis XVI à Varennes et la déclaration de Plinitz, où l’Empereur du Saint-Empire et le roi de Prusse demandent aux autres états européens de se joindre à eux face à la France, cette dernière leur déclare la guerre le 20 mai 1792.
C’est le début de la guerre de la Première Coalition.
170 000 hommes se massent aux frontières françaises pour l’envahir.
La publication du manifeste de Brunswick demandant de ne pas toucher à Louis XVI provoque la colère des parisiens qui attaquent le château des Tuileries et « suspendent » le roi de ses fonctions le 10 août.
Le 12, les troupes coalisés envahissent la France près de Luxembourg.
Longwy se rend le 23 suivit par Verdun le 3 septembre.
La route de Paris est ouverte et plusieurs ministres songent à la fuite. Mais Danton réplique par un discours à l’Assemblée Nationale dont une partie est restée célèbre : « Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
L’audace, ce sont les généraux Dumourieux et Kellermann qui vont en avoir.
En se positionnant sur les arrières de l’armée prussienne, ils occupent un plateau près de Valmy où l’artillerie française sera la plus performante.
Cette position sur les arrières des coalisés forcent ces derniers à faire volte-face pour ne pas avoir un ennemi dans le dos lors du futur siège de Paris.
II - Un bataille de duels d’artillerie et de cris patriotiques
Les français alignent environ 47 000 hommes
Face à eux se trouve le duc de Brunswick à la tête d’une armée coalisée (de prussiens, d’hommes du Saint-Empire et de français royalistes) de 34 000 hommes.
Le 20 septembre, vers 3h du matin, l’avant-garde prussienne rencontre celle des français du général Kellermann.
Les prussiens prennent l’engagement au sérieux et veulent en profiter pour écraser les français.
L’intention est la même de l’autre côté et les deux armées se mettent en ordre de bataille au milieu du brouillard.
A 7h, le brouillard se lève et les premiers coups de canons se font entendre. Un feu très vif mais peu meurtrier se déchaine alors.
Vers 11h, le duc de Brunswick, constatant que les lignes françaises restent solides, ordonne une attaque avec 3 colonnes et un support de cavalerie. C’est un classique de la tactique militaire prussienne.
Kellermann ordonne alors à son armée d’avancer également en colonne et parcourt la première ligne en haranguant ses troupes, leur demandant de ne pas tirer mais de charger à la baïonnette.
Les français se mettent alors à lancer des « Vive la Nation ! » suivit par Kellermann qui, ayant été mis à terre par la mort de son cheval, met son chapeau sur son sabre et reprend le cri avec ses hommes.
« Vive la Nation ! ». Un cri reprit par près de 50 000 hommes et annonçant une armée enthousiaste et déterminée à se battre. Les colonnes prussiennes s’arrêtent alors et un feu nourrit de l’artillerie française pousse le duc de Brunswick à sonner la retraite de ses colonnes.
A 16h, les prussiens retentent une attaque mais les cris de l’armée française les poussent de nouveau à la retraite.
A 19h, les coalisés quittent le champ de bataille. Les français ont gagnés.
III - Conséquences
En raison du manque de combat de l’infanterie et de la cavalerie, les pertes sont relativement peu élevées par rapport aux effectifs présents.
Les français comptent 300 morts et blessés tandis que les coalisés ne perdent que 184 hommes.
Cette victoire inespérée, malgré la faible intensité des combats, donne confiance à la Convention Citoyenne qui abolit la monarchie et fonde la République Française.
Kellermann est érigé en sauveur de la patrie.
L’armée prussienne, craignant une rupture de ses lignes logistiques et pressées de retourner au pays pour participer au partage de la Pologne avec l’Autriche et la Russie, évacue le territoire français le 22 octobre.
Les armées de la République passent alors à l’offensive et envahissent tous les coalisés frontaliers de la France (Pays-Bas Autrichiens, Saint-Empire et Savoie notamment).
Pour clore ce sujet, j’aimerai aborder une petite « anecdote » sur cette bataille.
Dans les rangs des deux armées, on retrouve des personnages qui deviendront célèbres après la bataille (mais pas à cause d’elle).
Chez les français, on peut ainsi nommer Joseph Diez Gergonne (mathématicien et éditeur de la première revue de mathématiques de l’histoire moderne), Pierre Choderlos de Laclos (auteur des Liaisons dangereuses), Francisco de Miranda (héros de l’indépendance vénézuélienne aux côtés de Bolivar) ou encore Louis-Philippe d’Orléans (alors lieutenant-général, il devient en 1830 le premier roi des français).
Du côté coalisé, on remarquera la présence de Louis de Frotté (il deviendra le chef emblématique de la chouannerie normande) mais surtout celle de Johann Wolfgang Goethe (poète, romancier, dramaturge et scientifique allemand).