Dernier état latin d’orient créé, le comté de Tripoli n’eut pas une histoire militaire aussi riche que les autres, préférant le commerce avec les turcs que la guerre. Il disparaitra par suite des attaques des mamelouks, trop occupé à se quereller avec les autres états latins chrétiens.
I - Création du comté de Tripoli
Echouant à prendre la tête de la Principauté d’Antioche (au profit de Bohémond de Tarente) puis de Jérusalem (au profit cette fois de Godefroy de Bouillon), Raymond de Saint Gilles chercha d’autres terres pour s’installer.
C’était un grand seigneur européen avec des terres en Provence et en Languedoc et il s’était illustré lors de la Reconquista espagnole, à tel point qu’il était considéré comme un héros là-bas.
Il assiégea alors Tortose en 1102 qu’il prit puis élargit ses terres à partir de là. Il commença le siège de Tripoli la même année mais décéda en 1105 avant d’en voir la fin.
Son cousin, Guillaume Jourdain, et son fils, Bertrand, se disputèrent alors la succession du territoire.
Le roi de Jérusalem, Godefroy Ier, intervint et divisa les terres en orient en 2 jusqu’à la mort de Guillaume en 1110.
Bertrand unifia alors le territoire sous le nom de « Comté de Tripoli », la ville ayant été prise le 12 juillet 1109.
II - Histoire du comté de Tripoli
Lorsque Bertrand mourut en 1113, c’est son fils, Pons, qui monta sur le trône. Il chercha des soutiens et en trouva un avec le roi de France Philippe Ier en épousant sa fille.
Puis ce fut à Raymond II (de 1137 à 1152) puis à Raymond III (de 1152 à 1187) de diriger le comté.
Ce manque de faits importants résulte de la politique extérieure du comté.
En effet, après avoir échouer à prendre Homs, le comté de Tripoli s’est rendu comte qu’il serait plus profitable de nouer des relations avec les musulmans pour commercer avec eux. Les musulmans pouvaient ainsi utiliser les ports du comté en échanger de diverses produits tels que des denrées alimentaires.
Raymond III était, plus que ses prédécesseurs, un très bon connaisseur du monde musulman et s’entendit très bien avec le plus puissant chef musulman de l’époque, Saladin. Ainsi, lorsque celui-ci assiégea Kerak puis prit Jérusalem le 02 octobre 1187, il épargnât les territoires du comté.
A l’inverse, c’est sous Raymond III que les relations entre le comté et l’Empire Byzantin se refroidirent.
En effet, à la suite de son éviction d’Antioche et de Jérusalem, Raymond de Saint Gilles avait reconnu l’Empereur Byzantin comme son suzerain, ce qui lui avait permit de se constituer son comté. Le comté de Tripoli participa même à une campagne menée par les byzantins contre les turcs, avec en échange un ravitaillement en nourriture et équipements depuis Chypre, territoire contrôlé par Byzance.
Mais, quand l’Empereur byzantin Manuel Commène renonça à épouser la sœur de Raymond III, celui-ci lança en 1163 des raids contre l’Empire.
A sa mort, le comté de Tripoli passa sous le contrôle de la Principauté d’Antioche puis disparut avec la conquête mamelouks en 1289.