Souhaitant frapper le territoire allemand, les alliés sont à la recherches de toutes les façons possible d’y arriver.
La destruction des barrages pour noyer des régions est une idée originale qui sera testée lors de l’Opération Chastise le 17 mai 1943.
I - L’origine de l’opération
Barnes Neville Wallis était connu dans le monde de l’aviation avant cette opération pour avoir réalisé les Vickers Wellesley (bombardier qui servit de couverture en Afrique de l’Est) et les Vickers Wellington (bombardier utilisé pendant les deux premières années de la guerre avant d’être remplacé par le Avro Lancaster).
Il avait déjà imaginé une énorme bombe pour détruire des barrages mais la taille et le poids de l’engin étaient tels qu’il ne pouvait être transporté par avion.
Il imagina alors autre chose plus petit et qui passerai les filets anti-torpilles allemands : une bombe en forme de tonneau (voir à droite) larguée à faible altitude et qui rebondirai jusqu’à atteindre le mur du barrage pour ensuite couler et exploser les fondations et créer des brèches.
Le plan est adopté le 26 février 1943 et il est prévu d’utiliser ces « Highballs » en mai quand le niveau de l’eau dans les barrages sera haut.
Un escadron est alors créé avec des pilotes expérimentés car les conditions de largage (18m d’altitude et 390km/h ainsi qu’une distance précise de la cible) nécessitaient des experts qui firent alors de nombreux essais.
Les 15 et 16 mai 1943, les équipages furent mis au courant de leurs cibles : les barrages de Möhne, de l’Edersee et s’il reste des munitions ceux de Sorpe, d’Ennepe et de Lister.
II - L’opération Chastise
L’escadrille est divisée en deux formations de Lancaster spécialement modifiés pour l’occasion (moins de blindage et une soûte de bombe fortement modifiée) ainsi qu’une troisième formation de réserve.
La première formation comptait 9 avions au décollage tandis que la deuxième en avait 5 et tout comme celle de réserve.
Si le survol de la Manche ne posa aucun problèmes, l’arrivée sur les côtes hollandaises vit arriver les premières pertes.
Un avion fut abattu dans la formation 1 tandis que 2 appareils de la formation 2 s’écrasèrent.
La formation 2 eut également deux appareils qui rentrèrent à la base (un perdit sa radio à cause des défenses antiaériennes et l’autre perdit sa bombe alors qu’il volait trop bas). Il ne resta plus qu’un seul avion dans la formation 2.
La formation 1 fut la première a arriver à destination au barrage du lac de Möhne. Celui-ci céda après 4 coups au but et grâce à la diversion du leader du groupe. Celui-ci attira l’attention de la flak (les défenses antiaériennes allemandes) pour laisser aux autres le temps d’effectuer leur mission.
Un appareil fut quand même détruit.
Le groupe se dirigea ensuite vers le barrage de la vallée de l’Eder. Il céda après avoir reçu deux bombes mais un autre avion fut perdu.
Le dernier survivant de la formation 2 endommagea le barrage de Sorpe qui fut à nouveau touché par un avion de la formation de réserve mais le barrage ne céda pas.
Un avion fut encore perdu.
Les deux derniers avions de réserve furent envoyés sur des cibles secondaires. L’un toucha, sans détruire, le barrage d’Ennepe tandis que l’autre fut détruit avant d’atteindre sa cible.
Les survivants revinrent alors en Angleterre sauf un qui, touché par la flak des côtes hollandaises, s’écrasa en mer.
III - Conséquences
Les pertes dans l’escadrille furent très élevées.
8 avions détruits sur 19. 53 morts et 3 prisonniers sur 153 membres d’équipage.
Deux barrages furent détruits et 330 millions de mètres cubes d’eau se déversèrent dans la Ruhr endommageant et noyant des mines, des maisons, les infrastructures de transport et des usines que près de 80 kilomètres.
La production d’eau douce baissa de 75% et 1294 personnes perdirent la vie.
Ce qui fit dire à Barnes Wallis : « Je pense que l’Allemagne a reçu un si grand coup qu’elle ne pourra pas se remettre avant plusieurs années ».
Mais ce bilan est à nuancer.
En effet, un mois et demi après le raid du 17 mai 1943, les rendements de distribution d’eau potable et de distribution d’électricité avaient retrouvés leur niveau maximal.
L’industrie de la Ruhr ne soufra que peu du raid et parmi les 1294 victimes, 749 étaient des prisonniers de guerre français et ukrainiens.
Cependant, les images très impressionnantes des barrages détruits (celui de Möhne à droite) redonnèrent courage aux britanniques qui vivaient sous les bombardements depuis 1943.
Le raid permit aussi aux britanniques de montrer que l’Allemagne n’était pas invincible et qu’ils pouvaient compter dans le camp allié. En effet, les militaires américains refusaient avant cela de regarder les exploits militaires britanniques avec l’honneur et le respect qui leur étaient dû.
L’escadrille responsable de l’attaque fut surnommée « Dam Busters » (les destructeurs de barrage et vous avez le droit d'avoir la musique dans la tête :) ) et prit comme devise « Après nous, le déluge ».