Survivant de deux guerres balkaniques (où il mit plusieurs fois la flotte ottomane en déroute) et des deux guerres mondiales, c’est aujourd’hui un musée naval.
Seul croiseur cuirassé encore existant et en service, le palmarès et l’histoire du Georgios Averoff sont fascinants.
I - Acquisition du navire et première mission
Le Georgios Averoff est un des 3 croiseurs cuirassés de classe Pisa commandés par l’Italie et construits en Italie entre 1905 et 1910.
Le troisième navire de cette classe est un peu différent : un meilleur blindage et armements, plus de cheminées et de mâts.
Cependant, faisant face à des difficultés budgétaires, l’Italie annule la commande du troisième navire, qui sera immédiatement acheté par la Grèce (avec l’aide du philanthrope grec Georges Averoff, qui donnera ainsi son nom au bateau).
Si la Grèce achète un tel navire, c’est parce que la situation entre les pays balkaniques et l’Empire Ottoman est très tendue.
D’ailleurs, les ottomans, apprenant l’acquisition par la Grèce d’un navire plus puissant que l’ensemble de leur flotte, contacteront les italiens pour obtenir le bateau au détriments de grecs (en proposant 250 000 livres sterling-or de plus que les 600 000 payés par les grecs). Les italiens refuseront, arguant que le navire n’était plus à vendre.
Le bateau est lancé le 12 mars 1910 et la Grèce en prend le commandement en mai 1911.
Il est alors envoyé en Grande-Bretagne pour assister aux festivités organisées pour le couronnement de Georges V. Au cours d’une manœuvre en juin, il s’échouera et devra passer quelques temps en réparation.
Il repartira, après les réparations, d’Angleterre vers la Grèce avec un nouveau commandant à son bord.
II - Une carrière bien fournie
Malgré un début difficile, l’Averoff va vite se démarquer.
En octobre 1912 se déclenche la Première Guerre balkanique qui oppose l’Empire Ottoman aux pays de la Ligue balkanique (Serbie, Monténégro, Grèce et Bulgarie).
Pendant ce conflit, l’Averoff est le plus rapide et le plus puissant des navires de la ligue balkanique. Il devient donc le navire amiral de la flotte hellénique et va activement participer à la libération des îles de la mer Egée.
Il prendra aussi part aux batailles navales d’Elli (16 décembre 1912 ou 03 décembre selon le calendrier julien en vigueur en Grèce jusqu’en 1923) et de Lemnos (18 janvier 1913 ou 05 janvier selon le calendrier julien). Pendant ces batailles, exaspéré par la lenteur du reste de la vieille flotte grecque, il partit seul au combat et mit rapidement en déroute la flotte ottomane en subissant très peu de dégâts (grâce à un blindage consistant en une ceinture de 2,5 mètres de haut et entre 205 et 82mm d’épaisseur sur toute la longueur de la coque).
Il ne participera pas, dans un premier temps, à la Première Guerre Mondiale en raison de la neutralité grecque. Mais, à la suite d’un incident entre les franco-britanniques et les grecs en 1916, il est confisqué par les français. Il ne sera rendu qu’en 1917 quand la Grèce rentre en guerre à leur côté.
Il sera aussi engagé pendant la guerre gréco-turque en 1919. Il accompagnera l’invasion et permettra au drapeau grec de flotter sur Ankara près de 380 ans après la chute de l’Empire Byzantin (celui-ci ayant le grec comme langue officiel, la Grèce jugeait la prise de la ville comme légitime et un juste retour des choses). Mais le conflit tournant mal pour les grecs, il aide au transport et à la sauvegarde des restes de l’armée.
La période d’entre deux guerres est calme pour le navire et il subira une refonte dans les arsenaux français pour moderniser son armement notamment avec l’installation de batteries anti-aériennes.
Lors de l’effondrement grec en 1941 à la suite de l’attaque allemande, il refuse de se saborder et fuit rejoindre les alliés. Il reste jusqu’en 1944 dans l’Océan Indien à escorter les convois contre les japonais et les allemands (il était devenu trop lent par rapport aux autres navires britanniques et trop peu armé pour survivre à l’escorte de convois dans l’Atlantique).
Il revient en Méditerranée en 1944 et participe, en tant que fleuron de la marine du gouvernement grec en exil, à la reconquête du pays et à la libération d’Athènes.
Il servira ensuite de QG flottant à la flotte grec jusqu’à son désarmement en 1952 après 42 ans de combat.
Il est stocké alors à Poros jusqu’en 1984 quand il est transformé en musée naval dans le port de Phalère pour perpétuer la tradition navale grecque.
Le Georgios Averoff est d’ailleurs toujours considéré comme étant en service et chaque navire militaire passant à côté doit lui rendre hommage avec les honneurs dû à son passé (coup de sirène et salut des marins sur le bord face à ce navire qui a tant fait pour l’histoire navale grecque moderne).