Si la guerre de Cent Ans est très connue, la guerre de Cent Heures entre le Salvador et le Honduras en 1969 est beaucoup moins célèbre.
Et c’est surprenant puisque le déclenchement du conflit est dû à … un match de foot même si la cause est bien plus profonde qu’un affrontement sportif.
I - Une tension sociale et un match de foot
Les deux pays sont fort différents. Le Salvador est petit mais très peuplé tandis que le Honduras est plus grand avec moins de population que son voisin.
Le manque de terre et leur mauvaise répartition (0.1% des propriétaires possèdent 16% des terres) entraîne un exode des Salvadoriens vers les villes ou vers le Honduras. 300 000 personnes au total franchiront la frontière.
Au fil des années, la situation devient tendue au Honduras entre les grands propriétaires, les paysans et les immigrés salvadoriens. Une réforme agraire de 1968 au Honduras renforça le pouvoir des grands propriétaires et visant les immigrés qui portant offraient une importante main d’œuvre.
En plus de ce problème bien réel, les dirigeants des deux pays (en manque de popularité et de légitimité), leurs élites économiques et les médias manipulèrent les faits pour les rendre d’une intense gravité. On parle alors d’invasions, de crimes contre l’humanité, d’espionnage et de violations d’espaces aériens. Tout pour échauffer les esprits.
La tension est alors palpable quand arriva les matchs éliminatoires de la Coupe du Monde.
Pour le premier match au Honduras, les joueurs salvadoriens furent empêchés de dormir et perdirent 0 à 1.
Le match retour au Salvador vit les footballeurs honduriens empêchés de dormir et perdirent 0 à 3.
Ayant chacune gagnée un match, les équipes se rencontrèrent une dernière fois au Mexique le 26 juin avec une victoire du Salvador 3 à 2.
Mais les supporters s’affrontèrent aussi avec plusieurs morts et blessés.
Quelques heures après le match, des escarmouches éclatent à la frontière.
II - Une guerre qui dura 100 heures
Le président salvadorien craignait d’être renversé par les militaires si jamais il paraissait faible.
Ainsi, il mit en place une propagande pour amplifier les escarmouches en transformant des affrontements d’une douzaine d’hommes en combats importants avec au bout des victoires triomphales.
Le 4 juillet 1969, le vice-consul du Salvador est assassiné et les relations diplomatiques s’arrêtent entre les deux pays.
Le 14, un avion du Salvador largue les premières bombes sur la capitale du Honduras Tegucigalpa.
L’armée du Salvador compte 8 000 hommes bien entraînés et disposant d’un matériel moderne mais elle n’a que 11 avions.
L’armée du Honduras n’a que 2 500 hommes mal organisés et mal armés mais avec 23 avions de meilleure qualité.
L’armée du Salvador lancent des offensives et avance de 8 kilomètres. Le 15 juillet, la capital provinciale de Nueva Ocotepeque est prise.
Elle voudrait avancer plus loin mais son aviation est abattue et la supériorité aérienne hondurienne leur permet de détruire les dépôts de munitions et de carburants de l’ennemi.
Le 19 juillet, sous la pression de la communauté internationale, le Salvador se retire.
III - Conséquences de 100 heures de guerre
Cette guerre, malgré les moyens employés et la faible durée, eut beaucoup de conséquences.
Elle occasionna 3 000 morts (2 100 honduriens et 900 salvadoriens) et 15 000 blessés.
50 000 personnes se retrouvèrent sans maison, de nombreux villages furent rasés et l’industrie du Salvador fut durement touchée.
Entre 60 et 130 000 immigrés salvadoriens durent faire un retour forcé au pays.
Le traité de paix mit du temps à venir et ne fut signé qu’en 1980.
Le conflit mit d’ailleurs un point d’arrêt pendant 22 ans le marché commun centraméricain dont les deux belligérants étaient membres.