"Nous n'aurions qu'à élever la voix pour que les Finlandais obéissent. Si ça ne marchait pas, il suffirait de tirer un coup de feu pour qu'ils lèvent les mains en l'air et se rendent ; du moins, c'est ce que nous pensions..." ; Nikita Khrouchtchev dans ses mémoires
En ce jour du 13 mars 2020, nous célébrons les 80 ans de la signature du traité de paix de Moscou. Marquant la fin de la guerre d’hiver.
Ce conflit, qui dura du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940 soit 100 jours, a changé l’histoire et pourtant reste méconnu du grand public.
Voici donc le récit de Talvisota (Guerre d’hiver en finnois) :
I - Les origines du conflit
Nous sommes en 1809, la Finlande, longtemps sous domination suédoise, passe sous l’emprise de l’empire russe. Un fort sentiment de nationalisme va naître à cette période, qui culminera en 1917 à la déclaration d'indépendance du pays 100 ans plus tard, lors de l’éclatement de l’empire.
Une terrible guerre civile ébranla le pays fraîchement apparu, culminant en une victoire nationaliste face aux communistes. Durant cette guerre, un ancien cavalier russe, se fit remarquer pour sa bravoure.
Carl Gustaf Emil Mannerheim.
Érigé au statut de régent, il s’éloigna de la politique du pays avant que le gouvernement finlandais ne le rappelle à l’ordre pour prévenir d’une attaque soviétique.
Depuis la fin de la guerre civile russe, le parti communiste avait réuni les territoires d’Europe de l’est sous sa bannière et comptait s’approprier la Finlande.
Le maréchal érigea une gigantesque ligne de protection à la frontière carélienne, rebaptisée “ligne Mannerheim” par les finlandais.
Le 23 août 1939, les soviétiques et allemands concluent un pacte de non-agression. Parmi leurs clauses, l’une d’entre elles, secrète, stipulait que les territoires Baltiques et finlandais seraient à la merci des russes.
Après l’annexion des pays Baltes, l’Union soviétique se tourna directement vers la Finlande en exigeant la région de Carélie. Ses derniers refusant, Mannerheim mis tout en œuvre pour sauver la paix, il déplaça une partie de son armée en Carélie pour ne pas créer de casus belli.
Malheureusement, le 30 novembre 1939, l’aviation russe reçu comme ordre de bombarder les principales villes finlandaise, ainsi débuta la guerre.
II - David contre Goliath
Complètement dépassé par la puissance russe, l’armée finlandaise commença par essuyer une série de défaites croissante.
Ce n’est que lorsque les russes commencèrent à s’enfoncer au cœur de la Finlande que leurs forces se ralentirent brusquement. Leurs équipements, inadaptés au combat d’hiver, et leurs matériels motorisés se stoppant, fut une occasion inespérée pour Mannerheim.
Le 12 décembre, l’Union Soviétique perd la bataille de Tolvajärvi. Harcelés jours et nuits par les finlandais, les soviétiques sont obligés de se replier avant de pouvoir contre attaquer. Il s’agit de la première victoire de la Finlande.
Puis du 7 décembre au 12 janvier, 2 bataillons d'infanterie, et 1 division de blindé soviétiques se virent anéantie par 3 unités de tireur isolés, dont faisait partie, le célèbre sniper Simo Haya.
Se déplaçant en ski (voir image à droite), les finlandais n’avaient aucun mal à réagir rapidement face aux soviétiques, et rendaient impossible la tâche d’anticiper leurs mouvements pour l’armée rouge.
Paradoxalement très mal équipée, l’armée rouge, qui attaque la Finlande avec près de 400 000 hommes (soit 3 fois plus que le débarquement de Normandie) ne possède que peu de vivres et des vêtements verts rendant plus difficile le camouflage.
Mais surtout le plus important des défauts fut les purges que Staline avait mis en œuvre en 1936 pour écarter des rivaux de son pouvoir. Elle toucha notamment les militaires de l’armée rouge, remplacés par des incompétents.
En plus du courage des finlandais, de nombreux volontaires à travers le monde, embrassèrent la cause finlandaise, l’un des plus célèbres étant Christopher Lee, un britannique qui deviendra plus tard acteur et jouera Saroumane dans le Seigneur Des Anneaux et le Comte Dooku dans Star Wars.
Un américain, du nom de John “Jack” Hacey (premier en partant de la droite sur la photo ci-dessous) créera un corps ambulancier du nom “Des Iroquois”, qui poursuivra son combat contre le totalitarisme en Europe puis durant la guerre froide.
III - La fin du conflit
En février 1940, l’inquiétude liée à l'éternisation de la guerre d’hiver fit que Staline prit enfin la décision de modifier son état-major. Une gigantesque contre-offensive aura lieu, durant laquelle les russes purent percer la ligne Mannerheim.
Vers mars, les russes transmettent un télégramme stipulant qu’ils étaient prêts à renégocier leurs ambitions. Ils précisent notamment que l’indépendance du pays sera maintenue, mais que la région de Carélie ainsi qu’un tiers de leurs usines devrait leur être cédé.
Cependant, et même si les conditions sont rudes, il est clair que ce traité de paix ressemble à s’y méprendre à un cessez le feu immédiat venant de l’U.R.S.S. Des 400 000 hommes envoyés sur le front, 100 000 périrent en l’espace de 100 jours.
Cette défaite marqua profondément les deux pays, qui jurèrent de se venger quand l’heure sera venue.
Pendant ce temps en Allemagne, constatant l'inefficacité de l’armée rouge, Hitler débuta les préparatifs de son opération d’invasion de la Russie, que la Finlande suivra en 1941, lors de la guerre de continuation ...
Ecrit par Mortyr