La bataille navale de Koh Chang

Se déroulant le 17 janvier 1941, la bataille navale de Koh Chang est méconnue du grand public.
Pourtant, c’est la seule bataille navale livrée et gagnée au cours des deux guerres mondiales par une force navale française, sur des plans et avec des moyens exclusivement français.
Même si la victoire revient au régime vichyste.

 

I - ContextePhibun

Depuis un coup d’état en 1932, la Thaïlande a à sa tête un militaire, Plaek Phibunsongkhram ou Phibun, (voir portrait à droite) qui veut défendre l’intérêt des peuples thaïs, notamment contre une puissance bien implantée dans la région, la France avec l’Indochine.

Il veut reprendre des territoires perdus face à la France lors de précédents conflits et traités (notamment en 1893 et 1904).

Un traité de non-agression est néanmoins signé entre les deux pays le 12 juin 1940 mais la défaite française face à l’Allemagne pousse le gouvernement thaïlandais à revenir dessus surtout que l’Indochine ne peut plus recevoir de renforts et que l’armée française sur place est moins forte que l’armée thaïlandaise.

La guerre éclate donc entre la Thaïlande et l’Indochine (fidèle au régime de Vichy) en octobre 1940.

L’offensive thaïlandaise est fulgurante et balaye des unités moins bien équipées (elles n’ont presque aucun chars contrairement aux thaïlandais).
Une contre-offensive est lancée le 16 janvier 1961 mais elle n’arrive qu’à arrêter les thaïlandais, clouant leurs blindés sur place avec des canons anti-char.

C’est alors que le gouverneur général de l’Indochine, l’amiral Decoux, ordonne au commandant de la marine nationale en Indochine, l’amiral Terraux, d’attaquer la marine ennemie.

Une reconnaissance aérienne localise, le 16 janvier 1941, la flotte thaïlandaise à Koh Chang, dans la baie de Bangkok.

 

II - La bataille navale de Koh ChangBataille de koh chang

La flotte française est constituée d’un croiseur léger de classe Duguay-Trouin, le Lamotte-Picquet, deux avisos coloniaux de classe Bougainville, le Dumont d’Urville et le Amiral Charner, ainsi que deux vieux avisos, le Marne et le Tahure.
Le tout représente un tonnage de 12 500 tonnes et 950 hommes.
La flotte est dirigée par le commandant du Lamotte-Picquet, le capitaine de vaisseau Régis Bérenger.

En face, la flotte thaïlandaise aligne deux garde-côte cuirassés de fabrication récente japonaise, le Sri Ayuthia et le Dhomburi, dix torpilleurs (9 modernes de fabrication italienne et un ancien de fabrication britannique), deux avisos quatre sous-marins et deux mouilleurs de mines.
Le flotte représente ainsi un tonnage de 16 600 tonnes et 2 300 hommes.

Le 17 janvier à l’aube, la flotte française surprend la flotte thaïlandaise qui mouillait dans la base maritime de Koh Chang.
Surprit, les navires thaïlandais essayent de quitter leur mouillage pour gagner le large en utilisant les îlots à proximité de la base.
Mais les bateaux français se positionnent pour bloquer les sorties de la baie et se mettent à pilonner des thaïlandais complètement piégés.

Moins de deux heures plus tard, les tirs s’arrêtent.
La flotte française est victorieuse.

La Thaïlande perd 3 torpilleurs modernes de fabrication italienne et ses deux garde-côte cuirassés modernes (l’un touché par des tirs chavirera, l’autre s’échouera après avoir été torpillé par le Lamotte-Picquet).

 

III - Conséquences

Le bilan officiel côté thaïlandais est de 36 morts. Mais des estimations réalistes évaluent leurs pertes à environ 300 hommes.Carte indochine
De l’autre côté, quand la flotte française regagne le port de Saigon, elle n’a perdu aucun navire ni morts. Elle a quelques blessés et dégâts matériels légers, notamment causés par un accrochage sur le retour avec une escadrille de bombardiers thaïlandais.

Pour cette victoire, le capitaine Régis Bérenger sera nommé contre-amiral.

Malgré l’allégeance vichyste de l’Indochine, le général De Gaulle parlera dans ses Mémoires de Guerre de la « brillante victoire navale du 17 janvier 1941 ».

Mais cette victoire éclatante ne suffira pas à redresser le cours de la guerre.
Le 28 janvier, les deux camps signent un armistice à la suite de la médiation du Japon.
Et c’est sous la contrainte japonaise que la France signera, le 9 mai, le traité mettant fin à la guerre. Elle perdra 4 provinces représentant près de 100 000 km2 et 420 000 habitants.

Ces territoires seront rendus à l’Indochine en novembre 1947 mais celle-ci obtiendra son indépendance, notamment en raison de la faiblesse de la France en Indochine pendant la Seconde Guerre Mondiale dont la défaite face à la Thaïlande fut une preuve flagrante.

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