Alors que sa flotte bat en retraite et que nombre de ses navires coulent et brulent, Basiliscus sait ce que sa défaite au Cap Bon signifie : l’Empire Romain d’Occident est condamné …
I - Les Empires contre attaquent
L’origine de cette bataille est à chercher 13 ans avant la bataille du Cap Bon, en 455.
Du 2 au 16 juin 455, les Vandales pillent et saccagent Rome.
Ils capturent tout le trésor impérial et prennent en otage l’impératrice (mère de l’empereur) et les filles de l’empereur.
L’empereur romain d’Occident et celui d’Orient rentrent alors en discussion pour préparer une expédition de représailles.
En 468, les flottes et armées des deux empires se rassemblent en Sicile.
L’objectif est de faire payer les vandales pour le sac mais aussi de reconquérir l’Afrique du Nord.
Sans les immenses richesses de ce territoire, l’Empire d’Occident ne disposera pas des ressources et finances pour repousser les envahisseurs qui le presse de tous les côtés.
Sans l’Afrique du Nord, s’en est fini de l’Empire Romain d’Occident.
Alors les troupes rassemblées sont très importantes.
Entre 50 000 et 100 000 hommes et plus de 1 000 navires. C’est la plus importante opération amphibie de l’Antiquité.
Les forces sont divisées entre 3 généraux :
- Basiliscus, beau-frère de Léon Ier l’empereur d’Orient, fera voile avec la flotte jusque Carthage, la capitale vandale
- Marcellinus, un général quasi indépendant en Illyrie (une partie actuelle des Balkans), doit attaquer et capturer la Sardaigne
- Héraclius d’Edesse doit débarquer en Libye, à l’est de Carthage, et avancer vers la ville
Le début de la campagne se passe bien.
La Sardaigne et la Libye sont rapidement conquises après quelques victoires terrestres et maritimes.
Basiliscus, quand à lui, est posté à 40 miles de Carthage, près du Cap Bon, quand il reçoit un émissaire vandale.
II - L’attaque des Vandales : la bataille du Cap Bon
Le roi des Vandales, Genséric, demande à Basiliscus cinq jours de trêve pour préparer un traité de paix. Le romain, aidé par un pot-de-vin selon certains auteurs, accepte.
Et Basiliscus attendra sans rien faire.
Cela ne sera pas le cas de Genséric qui ne compte pas signer ou faire de traité de paix.
En capturant l’Afrique du Nord, les vandales ont pris le contrôle de la flotte romaine et sont devenus expert en marine et en piraterie.
Ainsi, pendant une nuit sombre, les romains voient des lueurs approchées au large.
Les vandales ont remplis plusieurs navires avec des matières inflammables et les ont lancés vers la flotte romaine non méfiante.
La panique est totale et les navires vandales attaquent les romains dispersés.
Si Basiliscus fuit rapidement la bataille, d’autres font preuve d’héroïsme face à l’ennemi.
C’est notamment le cas de Johannes, un lieutenant de Basiliscus, qui refusa la fuite et se battit contre les vandales abordant son navire.
Alors que le fils de Genséric le suppliait de se rendre, il se jeta avec son armure lourde dans l’eau en déclarant « Jamais je ne tomberai entre les mains des chiens de vandales » avant de se noyer.
III - Les derniers romains
L’expédition tourne alors au fiasco.
La moitié de la flotte est détruite ou capturée et l’autre moitié est en fuite.
10 000 romains perdent également la vie.
Sans soutien maritime, Héraclius bat en retraite et quitte la région deux ans plus tard.
Basiliscus et Marcellus se replient en Sicile où ce dernier est assassiné, à la plus grande joie et surprise des vandales voyant les romains s’éliminer entre eux.
De retour à Constantinople, Basiliscus se cache un temps dans une église pour échapper à la colère du peuple mais finit quand même exilé en Thrace. Il reviendra à la mort de Léon Ier pour prendre le pouvoir.
La querelle de succession qui suivra empêchera l’Empire Romain d’Orient d’aider son camarade d’Occident.
En effet, ne contrôlant plus que l’Italie et la Sicile, les derniers empereurs d’Occident ne pourront plus repousser les envahisseurs.
Romulus Augustus, dernier empereur romain d’occident, sera déposé en septembre 476, huit ans après la bataille du Cap Bon.