Parfois, on peut se demander d’où certains brillants généraux et chefs militaires peuvent imaginer ou mettre en place des tactiques révolutionnaires.
Pour l’ordre oblique (un flanc de l’armée plus nombreux pour toujours être en supériorité numérique) de Frédéric II de Prusse, l’origine se trouve peut-être dans la bataille de Leuctres entre Thèbes et Spartes.
I - Contexte
Cette bataille tire son origine de la profonde instabilité qui suivra la guerre du Péloponnèse.
Après sa victoire sur Athènes, Sparte s’impose sur la Grèce, ce qui fait peur aux autres cités grecques.
L’opposition à Sparte se répand tandis que Sparte s’affaiblit au fil des problèmes internes qu’elle rencontre (sociaux ou politiques).
La ligue de Corinthe se forme en -395 et s’achève en -386 sur un statu quo, Thèbes devant juste renoncer à ses ambitions sur la Boétie, une région au centre de la Grèce.
En -382, Sparte arrive à occuper Thèbes. Les cités grecques et même Cléombrote le roi de Sparte, condamne cette occupation.
3 ans plus tard, des exilés thébains reviennent et, avec l’aide d’Athènes, massacre la garnison spartiate.
En -371, Thèbes renouvelle ses ambitions sur la Boétie.
Sparte lève donc une armée et affronte l’armée thébaine à Leuctres le 06 juillet -371.
II - La bataille
Sur le papier (ou sur l’ordinateur, comme vous voulez), l’avantage est clairement spartiate.
Leur armée est composée de 10 800 hommes dont 8 500 hoplites (dont 2 400 spartiates surentrainés depuis l’âge de 8 ans) et 1 000 cavaliers. Le roi Cléombrote Ier en a pris la tête au milieu de 700 « Egaux », l’élite de ses hommes.
L’armée thébaine, de son côté, ne compte que 7 000 hommes dont 1 500 cavaliers et le Bataillon Sacré, une troupe de 300 hommes composés de 150 couples de guerriers homosexuels.
Les spartiates se déploient de façon classique, en ligne.
Mais le général thébain Epaminondas décide de bousculer cet ordre.
Il renforce considérablement son aile gauche en mettant quatre fois plus d’hommes que traditionnellement. C’est une révolution mais aussi une décision logique vu que le roi ennemi est face l’aile gauche thébaine.
La bataille s’engage par un affrontement de cavalerie mais la cavalerie spartiate, débordée, va vite fuir.
L’armée thébaine avance ensuite vers les spartiates.
Le choc est brutal et les rangs s’effondrent les uns après les autres.
Le retour de la cavalerie thébaine prend en tenaille l’armée ennemie.
Le roi de Sparte Cléombrote et ses officiers perdent la vie et leur armée quitte le champ de bataille.
III - Conséquences
Sparte déplore 1 000 morts tandis que Thèbes ne compte que 300 morts.
Ces pertes peuvent paraitre faible mais les affrontements de l’époque, sauf exception, n’occasionnait que peu de morts.
Mais, parmi les 1 000 morts spartiates, on compte 400 égaux. C’est l’élite de l’armée mais aussi l’élite politique de Sparte qui est décimée en une journée.
L’armée spartiate se replie en bon ordre et l’armée thébaine ne profite pas de son avantage.
Les deux cités signent un traité en -371 qui ne durera pas.
La guerre reprendra en -370 jusqu’à la soumission de Sparte en -362.
Mais la domination thébaine sera de courte durée parce que son glorieux général perd la vie dans la bataille finale contre Sparte de Mantinée.
La Grèce restera divisée jusqu’à sa conquête par Philippe de Macédoine, le père d’Alexandre le Grand.