Pionnière du reportage clandestin, une forme de journalisme d’investigation, dénonciatrice de la condition ouvrière de la fin du XIXe siècle, Nellie Bly est une journaliste d’exception qui ira même jusqu’à réaliser un tour du monde en 72 jours, ce qui lui vaudra les félicitations de Jules Verne.
I - Naissance et début de carrière
Nellie Bly ne s’est pas toujours appellé ainsi.
Elle nait en tant que Elisabeth Cochrane en Pennsylvanie en mai 1864. Elle perd son père à l’âge de 6 ans et refuse le futur de gouvernante qu’on lui promet.
Elle se met à écrire des récits et des poèmes à partir de ses 16 ans et part dix ans plus tard chercher du travail à Pittsburg.
Peu après son arrivée, elle lit une rebrique sexiste dans un journal local et écrit une réponse au rédacteur en chef. Le style de la réponse surprend celui-ci et il lui offre un poste dans son journal en lui donnant le pseudo de Nellie Bly pour la protéger ainsi que sa famille. Elle le gardera jusqu’à sa mort.
II - Ses reportages les plus spectaculaires
Les écrits de Nellie font très vite sensation.
Son premier reportage, sur les condition de travail des ouvrières d’une conserverie, fait exploser les ventes du journal pour lequel elle travaille.
Elle se concentrera par la suite sur le monde ouvrier dans ses reportages.
Elle aborde par la suite une nouvelle facette du journalisme d’investigation, l’infiltration.
Cela deviendra une de ses spécialités.
Pour rentrer dans le journal de Joseph Pulitzer, le New York World, elle décide de s’infiltrer dans un asile de fous pour femme, le Blackwell Island Hospital.
Elle se fait passer pour malade et se fera interner sur décision médicale. Elle y restera 10 jours et le reportage qu’elle écrira « Ten Days in a Mad House » en 1887 fera la une de la presse américaine en dévoilant les conditions de vie insupportables de l’établissement (nourriture avariée, eau sale et bâtiments pleins d’insectes).
Ce reportage poussera l’administration américaine à un changement drastique des pratiques dans les asiles psychiatriques.
III - Un tour du monde en 72 jours
En 1888, Nellie Bly a l’idée de faire un tour du monde en solitaire pour battre le héros du livre de Jules Verne.
Elle commence son voyage le 14 novembre 1889. Elle part à 9h40 du port de Hoboken et arrive en Angleterre le 20 novembre. Deux jours plus tard, elle rencontre Jules Verne à Amiens.
Elle poursuit ensuite vers Calais, Brindisi, Suez, Colombo, Singapour (18 décembre), Honk Hong puis Yokohama et San Francisco qu’elle atteint le 20 janvier. Elle arrivera à destination le 25 janvier 1890 à 15h51 soit un voyage de 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes.
A l’annonce de son succès, Jules Verne la félicitera : « Jamais douté de Nellie Bly, son intrépidité le laissait prévoir ».
Pendant son voyage, elle écrit des articles sur les différents lieux qu’elle visite, sur leurs mœurs et coutumes ainsi que sur l’extrême pauvreté qui y règne. Ces articles connurent un succès phénoménal.
Elle racontera d’ailleurs son périple dans un livre « Le Tour du Monde en 72 jours » qui est encore aujourd’hui un ouvrage incontournable de la littérature journalistique.
Elle mettra en pause sa carrière journaliste à partir de son mariage en 1895 avec le millionnaire Robert Seaman.
Mais la mort de son mari et le début de la Première Guerre Mondiale la font revenir au journalisme. Elle devient correspondante de guerre pour le New-York Evening Journal puis, à la fin du conflit, continuera les reportages sur le monde ouvrier et militera pour le droit de vote des femmes.
Elle meurt le 27 janvier 1922 d’une pneumonie. Le lendemain, la presse internationale pleure la mort de « la meilleure journaliste d’Amérique ».