L’histoire commence en Allemagne, le 30 juin 1934, avec la mise en service du croiseur lourd Amiral Graf Spee.
Ce navire, véritable prouesse pour son époque, était doté d’innovations remarquables : l’un des premiers radars de combat, une coque soudée plutôt que rivetée pour une meilleure résistance, six canons de 280 mm capables d’atteindre une cible à 27 kilomètres, ainsi que deux hydravions catapultés et récupérés à l’aide d’une grue.
Dans le contexte du déséquilibre des forces navales imposé par le Traité de Versailles, la Kriegsmarine opta pour des missions de corsaires et des attaques ciblées sur les convois marchands ennemis.
C’est ainsi qu’en août 1939, l’Amiral Graf Spee, accompagné de deux pétroliers de ravitaillement, mit le cap sur sa zone d’opération : l’Atlantique Sud.
Entre le 30 septembre et le 6 décembre 1939, le croiseur Amiral Graf Spee coula neuf cargos britanniques, représentant un total de 50 000 tonnes, ainsi qu’un pétrolier.
Dans sa traque, il se heurta aux forces navales britanniques déployées pour l’éliminer. Comme lors du début de la Première Guerre mondiale, l’Amirauté britannique mobilisa tous les moyens disponibles pour neutraliser les navires corsaires allemands dès les premières phases du conflit.
Le croiseur Amiral Graf Spee tire d’ailleurs son nom de Maximilian von Spee, un comte et vice-amiral qui commandait le croiseur corsaire Scharnhorst. Ce dernier trouva la mort en mer le 8 décembre 1914, lorsque son navire fut coulé lors d’un affrontement naval.
Le 13 décembre 1939, lors de la bataille du Rio de la Plata, le Graf Spee affronta un croiseur lourd et deux croiseurs légers britanniques, infligeant de sérieux dégâts à ses adversaires. Cependant, poursuivi par d’autres bâtiments de la Royal Navy et ayant lui-même subi des dommages, le croiseur allemand se réfugia dans le port de Montevideo, capitale de l’Uruguay.
Dans l’incapacité de procéder aux réparations nécessaires dans le délai de 72 heures imposé par l’Uruguay, conformément aux lois internationales, et pour éviter que le navire ne soit capturé, le commandant de l’Amiral Graf Spee prit la décision de le saborder. Le croiseur fut ainsi coulé le 17 décembre 1939.
L’équipage, à l’exception du commandant qui se suicida le 20 décembre, fut interné d’abord en Uruguay, puis en Argentine. Une partie des marins, placés sous contrôle judiciaire, arriva dans la ville argentine de Villa Calamuchita. Fondée en 1932 par des colons allemands, cette bourgade était habitée par quelques familles germanophones d’origine allemande, suisse et autrichienne.
L’arrivée de ces marins allemands contribua à donner à la ville une forte empreinte allemande, visible dans ses bâtiments et son atmosphère, au cœur de l’Amérique du Sud.
En 1943, dans un contexte de fortes tensions et de débats sur la possibilité d’une entrée en guerre de l’Argentine contre l’Allemagne (le pays choisira finalement de conserver sa neutralité), un incident se produisit dans la ville : un drapeau argentin fut brûlé, et trois marins en furent accusés. Bien qu'ils aient été acquittés, cet acte suscita une réaction du gouvernement provincial, qui décida de renommer le village Villa General Belgrano, en hommage au général Manuel Belgrano, l'un des principaux leaders de la Guerre d’Indépendance du pays et créateur du drapeau argentin.
Le village accéda au statut de municipalité en 1953. Depuis 1980, il accueille chaque année la « Fête Nationale de la Bière », en complément des autres festivités mentionnées en introduction. Ces événements attirent ainsi 150 000 visiteurs, dans une ville comptant seulement 7 795 habitants selon le recensement de 2010.
