Né le 28 mars 1942, Hans Conrad Schumann passe sa jeunesse en RDA (la République Démocratique Allemande, la partie du IIIe Reich occupée par l’URSS et état satellite de Moscou entre 1949 et 1990).
A l’été 1961, c’est un soldat volontaire à Berlin Est et il est affecté à la garde du futur mur de Berlin qui vient de démarrer son édification.
Berlin étant divisé en zones d’occupation, Berlin Ouest (les zones françaises, britanniques et américaines) est devenu une enclave de l’Occident en plein pays communiste. De nombreux déçus des régimes du bloc soviétique passent donc par Berlin Ouest pour fuir en espérant trouver une meilleure vie de l’autre côté du rideau de fer qui sépare l’Europe.
Le « mur de protection anti fasciste » est donc érigé et sa construction commence le 12 août 1961. Simple système de barbelés avec quelques tours de garde dans les premiers jours, il deviendra très vite un complexe dispositif militaire de plusieurs murs de plus de 4 mètres de haut, de miradors, d’alarmes et de barbelés. Le tout étant gardé par près de 14 000 gardes armés.
C’est ainsi que le 15 août, le 3e jour de l’édification de la structure, Conrad surveille les travaux mais il se met à douter des raisons et justifications de cette construction. Et ses doutes sont renforcés quand il voit des enfants se faire refuser le passage pour retrouver leurs parents de l’autre côté après des vacances.
Il cède alors aux appels des habitants de Berlin Ouest qui, depuis près d’une heure, lui criaient de les rejoindre.
Il prend une grande inspiration et, espérant ne pas se faire tirer dessus par ses camarades, se met ) courir vers les barbelés qu’il franchit d’un saut.
Ce bon est alors immortalisé par le jeune photographe Peter Liebing qui, observant le militaire mal à l’aise depuis un moment, prend une série de clichés de sa fuite.
Les photos seront publiés peu après dans le Bild et feront le tour du monde comme symbole de la Guerre Froide.
Pendant ce temps, Conrad s’installe près d’Ingolstadt en Bavière où il se construit une petite vie relativement banale avec une femme, un fils et une maison avec verger.
Il entame une formation d’infirmier mais abandonne très vite pour devenir régleur de machine pour Audi.
Il ne partage que peu son histoire et, rongé par les remords d’avoir laisser sa famille derrière, il envoie régulièrement des lettres et de la nourriture chez ses proches de l’autre côté du mur.
A la chute du Rideau de fer en 1991, il se sent libéré et décide de retourner dans son village d’origine. Mais l’accueil n’est pas celui auquel il s’attendait. Pensant être accueilli en héros, il est surpris de voir que les villageois et sa famille le considèrent comme un traître et un renégat. Il est alors rejeter de tous.
Brisé par ce constat, il rentre à Ingolstadt et sombre dans une profonde dépression. Une dépression qui le suivra jusqu’au 20 juin 1998 quand il décida de se pendre dans son verger.
Il avait 56 ans.